L’adolescence, période intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte, est l’occasion de nombreux changements tant physiques que psychologiques. Elle se caractérise par un besoin de détachement aux parents et un enrichissement des liens sociaux.

L’adolescence est un moment de la vie très propice aux passages à l’acte. Les passages à l’acte sont la plupart du temps une façon d’exprimer un mal-être impossible à nommer pour l’adolescent.

Mais il existe aussi beaucoup d’adolescents qui ne font pas de bruit et qui souffrent en silence. Des symptômes tels que l’excès de timidité, l’isolement, le renfermement sur soi, des somatisations récurrentes, des troubles alimentaires… sont autant de symptômes qui traduisent un mal-être pour l’adolescent.

Ajoutons aussi les crises d’opposition, les comportements à risque, les comportements « influençables », la découverte de la relation amoureuse et la difficulté à la gérer, la mauvaise estime de soi, le manque de confiance en soi, les échecs scolaires, etc.

Comment la psychothérapie peut-elle aider l’adolescent ? La psychothérapie est avant tout un espace pour déposer sa souffrance, son mal-être. En parler, l’exprimer par des mots peut permettre d’éviter les passages à l’acte qui peuvent être destructeurs.

En disant ce qu’il ressent, il va pouvoir comprendre son comportement, en prendre conscience et mettre du sens sur ses problèmes. Comprendre ses difficultés, c’est déjà le premier pas vers des solutions. Le thérapeute est là pour le guider, l’aider à trouver son propre chemin.

L’adolescent a aussi bien souvent besoin d’une écoute profonde et sans jugement de son ambivalence et de son mal-être. Il a besoin d’être compris dans toute sa complexité, ce qui n’est pas toujours facile à faire pour les parents qui vivent au quotidien avec lui.

Le psychothérapeute offre sa neutralité bienveillante. Il est tenu au secret professionnel. La thérapie propose ainsi à l’adolescent un lieu, un « espace-temps » particulier et protégé, dans lequel il peut découvrir qui il est et quel adulte il souhaite devenir.

Il est fréquent que l’adolescent vienne consulter à la demande des parents. Il hésite alors entre la méfiance envers un inconnu qui décrypterait son mystère et la curiosité de faire une expérience nouvelle et d’accéder à une connaissance.

Pour qu’un travail puisse s’engager, il est impératif que s’établisse une alliance thérapeutique. Le psychologue-psychothérapeute doit apporter une écoute et une compréhension, tout en évitant un rapprochement amical ou une neutralité qui serait inappropriée à la relation avec un sujet qui n’est pas encore adulte.

La question qui se pose généralement est de distinguer si le jeune vit une crise d’adolescence en lien avec les transformations de son âge ou s’il exprime un mal-être plus profond, plus ancien, mais jusqu’alors passé inaperçu.

Il s’agit donc de faire la différence entre les manifestations liées à la mutation radicale de l’adolescence et les symptômes qui peuvent s’enraciner dans l’enfance ou la petite enfance (les 3 premières années).

Si ce qui est donné à voir est propre à l’adolescence, j’accompagne le processus de maturation, de changement, en proposant au jeune d’assouplir des réactions éventuellement trop marquées. Pour cela il est nécessaire de le rassurer sur la nature de la crise qu’il traverse et de l’aider à retrouver un sentiment de continuité d’exister au-delà des changements qui l’agitent.

Dans le cas où le trouble est plus ancien, j’évalue l’équilibre psychologique du sujet et la nature de ses symptômes : est-il simplement quelque peu inhibé/agité/morose/inquiet, ou est-ce plus sérieux (comportements à risque, échecs scolaires prolongés, repli sur soi massif).

En fonction des résultats de cette évaluation, je propose un horizon de travail de quelques semaines à quelques mois, en m’appuyant sur des échéances concrètes (année scolaire, anniversaire, résultats d’examens, vacances).

Je procède de toute façon à l’exploration de la dynamique et de l’histoire familiales, pour que l’adolescent puisse à la fois se situer dans son groupe-famille et dégager sa singularité, son autonomie progressive.

En effet, la tâche maturative majeure qui incombe à la personne adolescente est celle de l’autonomisation. Le sujet est perturbé par les tensions intrapsychiques et relationnelles inhérentes à ce processus. C’est ce qui provoque la fameuse « crise d’adolescence » : l’ado veut être plus autonome, se sentir plus indépendant, sans pour autant renoncer au confort de la tutelle des parents.

Ces derniers peuvent eux-mêmes être en difficulté dans cette étape. Ils peuvent par exemple avoir du mal à se prononcer sur les domaines où ils vont accorder plus d’autonomie à leur enfant et ceux où ils vont continuer à le contrôler. Il n’est pas rare non plus que les parents souhaitent accélérer l’autonomisation de l’enfant, alors que ce dernier n’est pas prêt à devenir autonome.

Il est souvent nécessaire aussi de rassurer les parents sur le bien-fondé de leurs hésitations, car il n’existe pas de formule toute prête ou définitive, d’autant moins que l’enfant change rapidement et qu’il faut renégocier les accords très fréquemment.

La crise d’adolescence est un événement normal, car chaque changement fondamental d’étape de vie met la personne en déséquilibre. La crise signe la recherche d’un nouvel équilibre.

Sur le plan sociologique, l’on sait que la période d’adolescence se prolonge, notamment parce que la durée des études est plus importante et que les conditions d’accès à l’autonomie sont plus complexes à réunir qu’il y a 20 ou 30 ans.

Le jeune « se cherche » donc plus longtemps. La dépendance vis à vis de ses parents augmente en temps (il reste fréquemment dans le foyer familial au-delà de 19-20 ans) et en volume (pour être intégré à ses groupes d’appartenance – étudiants, clubs de sport – il lui est exigé de disposer de nombreux attributs – équipements de communication et de loisirs, vêtements – souvent onéreux).

Ces conditions sociologiques et les situations familiales qui en découlent ne sont pas toujours faciles à négocier, entraînant des conflits plus ou moins prolongés.

L’adolescent est en tension entre la force qui grandit en lui (il a désormais un pouvoir d’action, de concrétisation de ses désirs, car il est plus puissant physiquement et il commence à avoir des réseaux sociaux) et les limites inhérentes à sa dépendance vis à vis du noyau familial. Cette mise en tension peut être d’autant plus marquée que l’adolescent d’aujourd’hui est à la pointe des compétences technologiques, à l’inverse de grand nombre de parents, dépassés par l’accélération des changements.

L’adolescence, âge du changement par excellence, apparaît donc aussi comme celui de la compétence, d’une certaine expertise (et donc d’un pouvoir), s’opposant aux adultes et à leur establishment « has been », incapables de suivre ce qui se passe et d’utiliser les outils disponibles.

Les adolescents offrent désormais un modèle de référence comportemental majeur dans nos sociétés. On se tourne vers eux pour savoir quels équipements choisir et les adultes comme les petits adoptent leurs codes vestimentaires et leurs expressions langagières.

Dans ce contexte, il n’est pas toujours facile pour le parent de tenir son rôle d’éducateur et de protecteur. Et il n’est pas toujours facile non plus pour l’adolescent d’accepter sa place d’apprenti de la vie. Cela s’avère d’autant moins facile dans les familles dont l’histoire a bousculé la confiance entre les êtres.

C’est alors qu’il devient indispensable de développer l’art de l’échange et de l’écoute, de la connaissance de soi et de l’autre.

Les consultations psychothérapeutiques sont là pour vous accompagner sur ce chemin.