Pour le psychologue et le psychothérapeute, la manipulation d’un individu sur un autre est l’action d’orienter la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on désire et sans qu’ils s’en rendent compte.

Il existe plusieurs types de manipulateurs. Je propose ici d’en relater deux, le premier malheureusement connu et le second beaucoup plus insidieux.

 

 

1. La psychopathie

 

1.1. Quelques considérations générales

 

Pour le psychologue, la psychopathie est un trouble du comportement caractérisé par le déni de l’individualité d’autrui et un comportement généralement impulsif et antisocial pouvant aller jusqu’au crime. En psychologie, ce type de personnalité se caractérise par des conduites antisociales fondées sur des impulsions sans éprouver de culpabilité.

L’histoire des psychopathes montre que la symptomatologie de la psychopathie se caractérise avant tout par l’absence d’attache affective et morale. Que ce soit pour autrui ou pour lui-même, le psychopathe ne sent pas l’expérience passée ou le poids de l’avenir. Phénomène bien connu du psychologue, le besoin de satisfaction immédiate caractérise le comportement du psychopathe.

Les comportements psychopathiques sont en général des actes de délinquance, des mensonges ou le mépris du danger. La vie sociale est instable avec de nombreux changements professionnels, des absences ou des fugues. Les règles normatives de la vie sociale et des valeurs sont enfreintes. Les personnes atteintes sont enclines à infliger des mauvais traitements à leurs familles. Pour elles, manifester des émotions est un signe de faiblesse et de la déchéance de leur influence sur autrui.

Selon les psychologues, environ 3 % des hommes et 1 % des femmes sont touchés par le comportement antisocial. En général, un psychopathe est un sujet qui a sa propre vision du bien et du mal, qui n’est pas celle acceptée socialement, pouvant donner lieu à une multitude de manifestations singulières asociales, antisociales délictueuses ou criminelles à divers degrés.

Les psychologues ont émis plusieurs hypothèses concernant les origines du trouble. En voici quelques-unes :

  • mauvaise identification paternelle ou parentale,
  • culpabilité qui vise à se soulager dans l’autopunition,
  • séduction de la délinquance par un des deux parents,
  • carence affective maternelle précoce.

 

1.2. Le problème de la carence affective

 

La dernière hypothèse est de loin la plus considérée par les psychologues. L’enfant est rejeté très jeune sur le plan affectif, ou bien se révolterait de manière permanente contre cette frustration, ou bien ne pourrait réaliser ni reconnaissance d’autrui dans le monde, ni identification humaine : il ne lui resterait que la menace permanente d’un monde qui ne lui offre aucun lien, ce qui pourrait expliquer son perpétuel désengagement affectif.

Cependant, ces mêmes carences se retrouvent à la source de multiples névroses, voire psychoses. Pour mieux cerner les caractéristiques du psychopathe, les psychologues et les psychothérapeutes invoquent un vice de structure constitutionnel de la personnalité.

 

1.3. Le problème « surmoïque »

 

Selon les théories de certains psychologues et psychothérapeutes, on pourrait affirmer que chez l’être normal, très tôt dans l’enfance, le système instinctif pulsionnel, le « ça », rencontre un système de contre-pulsions qui se façonne, le « surmoi » et qui s’élabore comme le premier frein, comme une sorte de préfiguration du choix entre le désir et le devoir, qui constitue l’infrastructure la plus profonde de la nature humaine.

Ce premier conflit (structure conflictuelle) de la personnalité, encore inconscient, lui donne une forme première d’équilibre, d’oscillation entre le ça et le surmoi.

Plus tard surgira progressivement le « moi » conscient, sorte de véritable « conscience morale », c’est-à-dire un système de valeurs qui domine le plan instinctif et subordonne les pulsions (le ça) et leurs contre-pulsions (le surmoi-) à la « surnature » éthique (qui est le moi conscient).

Deux comportements immoraux sont dès lors possibles :

Dans un premier cas, on peut observer une personnalité possédant des structures normales, mais optant délibérément pour des valeurs, attitudes et conduites immorales. Le psychologue parle dans ce cas de « pervers » (nous y reviendrons par la suite).

Dans un second cas, on observe une psychopathie. On a affaire, dans ce cas, à des sujets dont le comportement immoral exprime un vice de structure dans la personnalité par suite d’un quelconque avatar d’évolution. Le « psychopathe » vit avec un dysfonctionnement grave du surmoi. Les pulsions émergent au niveau du moi telles qu’elles surgissent du ça, sans avoir subi au préalable le modelage, la synthèse du surmoi. Le psychopathe exprime une sorte de court-circuit du ça au moi qui seul permet de comprendre le caractère toujours immédiat de ses conduites, le morcellement de sa personne dans un présent perpétuel et la nocivité éventuelle pour lui-même de ses propres comportements. L’insuffisance du surmoi constitue donc le trouble fondamental de la psychopathie, ce qui explique cet élément essentiel de la maladie qu’est le passage à l’acte, bien connu du psychologue.

 

1.4. Quelques caractéristiques du psychopathe

 

L’intelligence du psychopathe est généralement bonne. Rationnellement, il est capable de comprendre et de construire les symboles dont se servent les autres. Il dispose également d’une mémoire normale. Et cependant, tout se passe comme s’il ne s’en servait pas. Quoiqu’intelligent, il se conduit souvent « bêtement ».

Sur le plan affectif, bien que son langage offre la cohérence apparente du normal, il recouvre une incohérence affective et pulsionnelle. D’une situation à une autre, l’investissement pulsionnel peut changer. Pour lui, dire « Je t’aime » exprime tantôt un pur désir sexuel, tantôt l’envie d’être aimé, tantôt un besoin de soutien ou de réconfort, mais jamais, comme chez le sujet normal, le tout à la fois. Cette discordance entre la structure rationnelle stable et le contenu pulsionnel incertain, toujours mobile, déroute et rend la compréhension du psychopathe difficile.

 

1.5. Symptomatologie du psychopathe

 

1.5.1. L’inaffectivité

Phénomène bien connu du psychologue, le psychopathe n’établit guère de liens affectifs avec ses semblables. Il ne s’identifie à personne. Il se sert d’autrui et le rejette selon les circonstances, comme on le ferait d’un objet matériel.

Quelles que soient ses déclarations d’affection envers ses proches, l’histoire de sa vie est remplie de trahisons à leur endroit.

Le caractère le plus fondamental de l’inaffectivité psychopathique est l’instabilité, la fugacité du lien affectif, sa « non-permanence » et sa variabilité dans le temps. L’instabilité des liens affectifs trouverait sans doute son origine dans une évolution dramatique de la relation du sujet à sa mère.

Certains psychologues pensent que la relation affectueuse à autrui est une construction complexe que chacun doit faire à partir de l’introjection progressive de l’image d’autrui comme personne dont les désirs sont ressentis par le sujet lui-même, dans la mesure où ils conditionnent ses propres gratifications. Le premier « autre » étant la mère, toute carence affective ou ressentie telle de ce premier « autre » peut provoquer cette instabilité des liens affectifs.

Les fondements du sens moral sont à rechercher dans l’introjection progressive des exigences du monde extérieur et plus particulièrement des parents. La hiérarchie des valeurs se fonde sur une hiérarchisation des pulsions, en fonction des devoirs, des autorisations et des interdits qu’imposent les parents et le principe de réalité.

Ce qui caractérise le psychopathe, c’est que justement, bien que capable de parler normalement des valeurs morales, il n’en éprouve aucunement la pression interne (c’est-à-dire la discordance entre le discours et le vécu).

Le psychopathe est bien amoral car il ne dispose pas des structures inconscientes qui fondent la structure du sens moral. De ce fait, il est également asocial car l’adaptation sociale suppose que soit reconnue et ressentie intérieurement la hiérarchie des valeurs sociales qui permettent la vie en commun.

 

1.5.2. L’absence de durée et l’impulsivité

Le psychopathe manque d’insertion dans la durée, ce qui fait qu’il ne dispose pas des structures élémentaires de « récompense-punition » : il lui arrive de poser des actes nuisibles pour lui-même, comme s’il ne pouvait en prévoir les conséquences malgré son intelligence et ce, en l’absence de tout masochisme.

Le psychopathe vit sans passé ni avenir ; il est incapable de projets à long terme, incapable de tirer parti de l’expérience.

Le psychopathe est impulsif dans le sens où, ce qui prime pour lui, c’est la réalisation quasi permanente du désir actuellement présent, c’est la recherche constante de la satisfaction immédiate.

Pour le psychologue, ce qui caractérise l’impulsivité psychopathique, ce n’est pas la quantité d’énergie pulsionnelle faisant brusquement irruption, mais bien plutôt l’absence de frein et d’intégration d’une vie pulsionnelle qui n’est subordonnée à aucune élaboration synthétique.

 

1.5.3. La discordance entre le discours et la vie : la mythomanie

Verbalement, ces maladies peuvent décrire des attitudes affectives normales, exprimer une hiérarchie de valeurs morales usuelles, critiquer leur conduite passée, élaborer des plans d’avenir cohérents. Mais tout cela n’est que mots face à une vie faite d’échecs, d’amoralité, de trahisons affectives et d’instabilité.

Cela s’explique par le court-circuit entre le ça et le moi. A mesure que défilent ses besoins pulsionnels (ça), il en cherche la satisfaction à chaque fois. D’autre part, l’intégrité des structures du moi lui permet de jouer ainsi des rôles « aussi vrais que réels ». Son absence de durée ne lui permet pas de prendre conscience de ce hiatus.

 

1.5.4. Les comportements pervers

Les psychologues et les psychothérapeutes distinguent 3 grands types de comportements dits « pervers ». Il s’agit essentiellement de déviations :

  • Les comportements sexuels pervers
  • La toxicomanie
  • L’appétit du jeu

Chez le pervers classique, la déviation sexuelle apparaît comme un aboutissement, une solution à quelque chose. Son acte a une signification profonde pour lui (par exemple, l’exhibitionnisme qui synthétise, dans son geste, une affirmation de sa virilité contre la castration).

Chez le psychopathe, par contre, nous trouvons bizarrement le vide ou la pauvreté fantasmatique derrière l’acte pervers. La perversion sexuelle apparaît chez le psychopathe comme beaucoup plus infantile. Il s’agit moins chez lui du résultat de toute une problématique interne que d’une immaturité sexuelle, une non-élaboration interne (tel le passage à l’acte qui libère une pulsion immédiate), à tel point qu’il n’est pas tout à fait exact de parler à leur propos de perversion dans le sens plein de ce terme.

 

1.5.5. L’agressivité et la perversité

L’agressivité du psychopathe ne se montre pas comme une tendance permanente des conduites, mais bien plutôt comme une réaction occasionnelle, même si elle est fréquente : réaction du danger, à la frustration.

A suivre les théories et les observations de plusieurs psychologues, les écarts du psychopathe apparaissent comme des réactions brutales à des contraintes immédiates et non pas comme un mode de relation agressif permanent à autrui. Il s’agit d’un mode de réaction primaire, apparaissant lorsque les circonstances le déclenchent.

L’agressivité n’est donc pas une perversité, mais une réaction primaire proche du ça, mal structurée et peu contrôlée en raison de l’impuissance du surmoi.

 

 

1.6. Le devenir du psychopathe

 

Ainsi que le confirme le psychologue, le psychopathe n’est pas promis à un avenir radieux et prometteur. Souvent réprimandé pour ses actions, souvent blâmé et accusé, en proie bien fréquemment à des ennuis « judiciaires », il ne fait qu’aggraver un cercle vicieux : en manque d’affection, ses comportements ne font qu’aggraver la problématique affective.

Une des plus sombres perspectives pour le psychopathe est de se suicider. Pris dans une inaffectivité puissante, et donc, sans aucune attache affective stable et durable, le psychopathe peut trouver une solution à son malaise dans le suicide.

Mais plus souvent, on observera de la délinquance qui peut être de trois types :

  • réactionnelle,
  • comprise comme un mécanisme de défense (hostilité permanente vis-à-vis du père, des éducateurs, ainsi que des reproches vis-à-vis de la mère ou substitut maternel),
  • chronique (c’est le cas de beaucoup de « blousons noirs », de mythomanes – la bande fournit un milieu facilitant et tolérant l’immédiateté du passage à l’acte).

La délinquance est en général ce qui identifie le mode de fonctionnement du psychopathe et le conduit, suite à des plaintes, à paraître devant les autorités judiciaires, et, de là, aux institutions spécialisées dans le traitement des psychopathes, ou en milieu carcéral en fonction de la gravité des faits.

 

1.7. Conclusions : quelles aides à mettre en place ?

 

Pour bon nombre de psychologues, la psychopathie est souvent décrite comme incurable. Certains facteurs ont néanmoins une influence sur l’efficacité des traitements des psychopathes

On peut décrire brièvement plusieurs approches (dont on ne présume pas de l’efficacité) :

  • la médication dans un cadre thérapeutique dit « institutionnel ou communautaire » qui inhibe certains symptômes, comme l’agressivité.
  • la thérapie familiale peut permettre une réduction des récidives d’actes criminels en centrant la thérapie sur la gestion de la situation par les parents.
  • la thérapie communautaire qui se base sur le lien entre les membres du groupe, en se soumettant à l’autorité de ce groupe, par système de récompenses ou de sanctions. Une régulation thérapeutique se fait au sein des réunions journalières. On peut proposer ainsi un programme psychothérapeutique basé sur un environnement favorisant notamment la socialisation et la neutralisation des attitudes prédélinquantes.
  • Pour réduire les comportements impulsifs et antisociaux, on peut proposer une psychothérapie cognitivo-comportementale multiple : gestion de soi individuelle, travail sur les aptitudes sociales, prévention de comportements agressifs. On propose par exemple une thérapie par jeux de rôle et opérationnalisation de problèmes pour traiter les distorsions cognitives.

 

 

2. Les pervers narcissiques

 

Stratège de la manipulation, le pervers narcissique veut une emprise totale et infinie sur l’autre, quitte à le détruire. Pour le psychologue, c’est un vrai tortionnaire affectif.

Si autant d’émissions, de forums et d’associations alertent sur les ravages des pervers narcissiques, c’est que le danger est mortel. Rien à voir avec les petites manipulations que nous avons tous, un jour, essayé d’exercer sur nos proches ; rien à voir non plus avec les disputes de couples où les mots dépassent la pensée et blessent. Non, le pervers narcissique fait mal … très mal !

 

2.1. Définition du pervers narcissique

 

Le mot « perversité » vient du latin « perversitas » dérivé de « perversus » (pervers) qui désigne celui qui inverse, renverse ou retourne.

Le narcissisme est un mode général de comportements grandioses. Le narcissique a un grand besoin d’être admiré ; il surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur ; il désire un pouvoir illimité et se moque des ressentis d’autrui.

L’expression « pervers narcissique » est utilisée en psychopathologie par le psychologue pour désigner une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion.

 

2.2. L’histoire du pervers narcissique

 

Le psychologue le sait bien, l’enfance du pervers narcissique a très souvent été marquée par des souffrances psychologiques. Victime d’exigences démesurées de la part de ses parents, il a été contraint d’adopter un jeu de personnalités factices pour se donner l’illusion d’exister et d’être conforme à l’image voulue.

 

2.3. Son profil

 

2.3.1. La fin justifie les moyens

Pour le pervers narcissique, faire preuve d’humanité ou de compréhension est vu comme l’expression d’une forme de naïveté ou de sensiblerie qui n’a pas lieu d’être. Il n’a pas de valeur morale, si ce n’est la loi du plus fort. Il perçoit les autres comme des objets servant ses intérêts, et des moyens comblant ses désirs de pouvoir et d’autorité. Le pervers narcissique n’aime pas du tout les psychologues qu’il considère comme des personnes peu honorables.

 

2.3.2. Un égoïsme extrême

Le pervers narcissique profite à chaque instant de toutes les opportunités, de toutes les situations et de toutes les personnes qui l’entourent. Seul son intérêt est important. C’est dans cet objectif que le pervers narcissique construit ses relations affectives : l’autre lui est utile pour son bien-être, pour son confort ; il l’exploite donc à bon escient et sait exactement donner ce qui est nécessaire pour que l’autre reste à lui.

Comme l’enfant-roi, ses désirs doivent être comblés immédiatement, quels qu’ils soient. Certain d’être largement supérieur aux autres, le pervers narcissique n’accepte aucune remise en question, mais exige compassion et attention envers lui. N’oublions pas qu’il est « le meilleur » !

 

2.3.3. De grandes capacités relationnelles

Le pervers narcissique est souvent très intelligent et de bon niveau culturel, ainsi que souvent l’observent les psychologues et les psychothérapeutes. Le pervers narcissique renvoie une image tout à fait adaptée et est généralement bien perçu par son entourage qui n’a aucune idée de sa vraie personnalité. Il simule donc le fait d’être totalement rempli, en apparence, de bons sentiments humains et d’une sincère empathie pour autrui.

 

2.4. Le pervers narcissique et son couple

 

Le fonctionnement pervers entraîne systématiquement le rejet de tout affect, quel qu’il soit. Phénomène bien connu du psychologue, même dans son couple, le pervers narcissique maintiendra toujours une distance suffisante pour ne jamais réellement s’engager.

Le pervers narcissique ne connaît pas l’amour, mais se sert de son conjoint comme d’un moyen d’obtenir des satisfactions. Il l’attaquera donc systématiquement, avec rage ou subtilité s’il n’a été pas contenté.

Son égocentrisme et sa soif de pouvoir le conduisent à détruire sa liberté et à imposer à son conjoint des contraintes décidées par lui-même.

Très fin psychologue, le pervers narcissique perçoit les faiblesses de son entourage et n’hésite pas à les utiliser pour le terrasser. La violence de ses attaques est sans pareil, car il est impossible de comprendre le niveau de sa haine et l’indifférence qu’il témoignera envers la détresse et la souffrance de sa victime, même s’il s’agit de son conjoint.

Le pervers narcissique tente très souvent de lui imposer sa vision péjorative du monde et de lui démontrer que son entourage est mauvais, qu’il lui veut du mal, s’imposant comme un protecteur et un sauveur. Personne n’a vraiment grâce à ses yeux.

Il use avec une grande aisance des mensonges et des distorsions de la réalité et ne les reconnaît jamais, ce qui étonne souvent le psychologue lors des séances de psychothérapie. Mélanger le mensonge, la sincérité et la franchise fait partie du fonctionnement du pervers narcissique, ce qui ne manquera pas de déstabiliser son conjoint.

 

2.5. Le mode de fonctionnement du pervers narcissique

 

Si le pervers narcissique ressent un intérêt pour quelqu’un ou quelque chose, cela ne peut être que temporaire. Ses désirs se situent toujours dans l’immédiat et ses actions dans l’utilité.

Le pervers narcissique n’a aucune tolérance aux frustrations et réagit très violemment à toute déception ou contrariété, car il les perçoit comme une défaite ou un rejet, c’est-à-dire une blessure narcissique. Il aura alors un désir illimité de vengeance, une rancune inflexible et implacable dans laquelle il mettra toutes ses forces jusqu’à obtenir satisfaction.

Le pervers narcissique possède une mentalité agressive d’envie, de convoitise, d’irritation haineuse à la vue du bonheur et des avantages d’autrui. La colère est son principal moteur de fonctionnement, il a besoin de haïr et de détruire pour se réaliser et ne peut donc jamais être satisfait de quoi que ce soit et de qui que ce soit.

Pour s’accepter et s’affirmer, le pervers narcissique doit triompher de quelqu’un, le détruire, jouissant alors de sa souffrance. L’humiliation et l’asservissement comptent parmi ses armes les plus redoutables. Il est capable d’attendre des années pour assouvir sa vengeance, incapable de minimiser ou de prendre du recul sur son expérience.

Le mensonge constitue une grande part de ses agissements ; cela permet au pervers narcissique de moduler la réalité selon ses désirs, de ne pas se remettre en question et de tromper son entourage. Par ailleurs, il lui est indispensable pour toujours se sentir le plus fort, le plus malin. Il n’a de cesse de défier l’ordre social.

Et si le pervers narcissique a des « amis », ce seront surtout des gens « estimables » qui ne feront que renforcer son propre égo ! En réalité, le pervers narcissique n’a pas d’amis.

 

2.6. Conclusion

 

Les psychologues et les psychothérapeutes ont tendance à penser que les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu’ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu’ils refusent de percevoir. Ils « ne font pas exprès » de faire mal, ils font mal parce qu’ils ne savent pas faire autrement pour exister. Ils ont eux-mêmes été blessés dans leur enfance et essaient de se maintenir ainsi en vie. Ce transfert de douleur leur permet de se valoriser aux dépens d’autrui.