« Je n’y arriverai jamais », « De toute façon, je n’en suis pas capable ! », « Je n’ose pas ! »

Qui n’a jamais pensé, voire formulé à voix haute, ces petites phrases face à de nouvelles responsabilités professionnelles, un engagement scolaire, un choix important ou tout simplement dans la vie quotidienne ?

Mais qu’est-ce que cela signifie exactement ? Sur quoi repose cette confiance ? Comment peut-on l’acquérir lorsqu’elle nous manque, la regagner lorsqu’on la perdue ou encore la développer ? Qu’est-ce qu’un psychologue peut proposer lors d’une psychothérapie sur le manque de confiance en soi ?

Pour le psychologue, la confiance en soi est une force intérieure, qui se révèle essentiellement au travers de nos actes. Pourtant, si nous sommes souvent persuadés d’en manquer, cette formidable « ressource naturelle » existe en chacun de nous. Elle se sème, se cultive, s’entretient et se partage. Se connaître, s’estimer, oser, être à l’écoute de ses désirs, aller vers les autres sont les étapes indispensables sur le chemin de la confiance en soi, grande alliée de notre épanouissement.

 

 

1. Définition de la confiance en soi

 

Présentée comme l’unique clé qui mène à la réussite et au bonheur, si la notion de confiance en soi nous est familière, il est pourtant difficile, pour le psychologue, de la définir précisément. Et c’est essentiellement lorsqu’elle nous fait défaut que nous en prenons conscience. Quel est donc ce sésame qui peut nous manquer ?

La confiance en soi est un subtil mélange d’énergie et de sentiments constructifs qui déterminent, encouragent et guident nos pensées et nos actes. La confiance en soi pourrait être comparée à une « ressource naturelle », qui nous permet de nous construire, d’agir et de nous préserver. Fragile dans certains domaines, affirmée dans d’autres, souvent fluctuante, la confiance en soi possède plusieurs facettes et opère à différents niveaux de notre personnalité.

Pour le psychologue, la confiance en soi est donc une force intérieure qui s’exprime au travers de nos actes, de nos pensées, de nos gestes, et qui permet de mettre en œuvre les ressources nécessaires afin de répondre de manière appropriée à une situation donnée. Avoir confiance en soi, c’est connaître et être assuré de ses possibilités et croire en ses capacités.

 

 

2. Les supposés de la confiance en soi

 

Pour le psychologue, la confiance en soi passe par :

  • l’estime de soi (c’est-à-dire le regard que nous portons sur nous-mêmes, à travers notre image, nos compétences, notre vie affective et sociale),
  • l’assurance (qui est la capacité que nous avons à faire face à une situation donnée),
  • l’aisance (qui est synonyme de souplesse, de facilité, d’agilité, la capacité naturelle et spontanée avec laquelle nous nous exprimons et agissons),
  • l’optimisme (c’est-à-dire un état d’esprit qui nous permet d’analyser, d’envisager et de voir les événements « du bon côté »),
  • la volonté (qui est la capacité d’accomplir une action intentionnelle, désirée ou souhaitée ; elle peut s’exprimer soit par l’acceptation, soit par le refus),
  • le désir (c’est l’attrait, le besoin, l’envie que nous ressentons en direction d’un objet et qui détermine une « action »).

Cependant, poussée à l’extrême ou mal interprétée, la confiance en soi peut aussi se transformer en :

  • arrogance (c’est-à-dire une attitude hautaine et méprisante vis-à-vis des autres et/ou des événements),
  • suffisance (qui est un excès de crédulité, une propension à ne pas se remettre en question, à manquer de discernement),
  • égoïsme (c’est-à-dire une propension à orienter ses actions et ses pensées selon ses propres intérêts).

 

 

3. Les 4 niveaux de la confiance en soi

 

Les psychologues et les psychothérapeutes s’accordent à dire que la confiance en soi se construit dès les premiers mois de la vie. La personnalité, l’attitude de nos parents, le contact avec le monde extérieur, la socialisation ainsi que l’environnement dans lequel nous grandissons conditionnent son développement, non seulement vis-à-vis de nous, mais également vis-à-vis d’autrui, de la vie et de l’existence en général.

 

3.1. La confiance intérieure

 

Au cours de sa première année, l’enfant développe, grâce au contact physique avec sa mère, un sentiment de « sécurité intérieure ». Au travers du toucher, des sensations corporelles, il va prendre conscience de son enveloppe physique, de la place qu’il occupe. Ce premier niveau permet d’acquérir un sentiment de tranquillité et de solidité face aux situations, et minimise la peur de l’abandon. Nous nous sentons bien avec nous-mêmes.

Un manque de contact à cette période génère un profond sentiment d’insécurité, qui peut se transformer, plus tard, en dépendance affective (peur de la solitude, de l’abandon, etc.), physique (alcool, nourriture, etc.), matérielle ou idéologique (travail, religion, etc.).

 

3.2. La confiance en soi-même

 

Entre 2 et 3 ans, l’enfant entame sa prise d’autonomie par rapport à ses parents et à son entourage. Au cours de la fameuse « période du non », il commence à se détacher de l’autorité parentale et cherche à affirmer son individualité. A travers ce qu’il refuse, il dessine les contours de sa personnalité et découvre ce qu’il veut, ce qu’il aime. Ce deuxième niveau de confiance permet de définir notre « moi » au travers de nos émotions, nos sentiments, nos pensées, et d’affirmer notre personnalité. C’est lui qui guide nos choix, nos décisions, nos envies.

Quand cette confiance fait défaut, l’enfant, réprimé, dévalorisé ou rejeté au cours de cette période, aura tendance à s’inhiber, en développant une attitude de soumission, ou, au contraire, à s’opposer à tout de manière systématique et à vivre dans le refus.

Il faut préciser que la confiance en soi serait davantage l’apanage des hommes que des femmes.

 

3.3. La confiance en ses compétences

 

Plus tard, à travers l’apprentissage, l’enfant poursuit sa prise d’autonomie en cherchant à faire les choses par lui-même. Il veut s’habiller et se laver tout seul, participer aux activités du foyer, faire « comme les grands ». Il prend des initiatives, explore, essaye, se trompe et recommence. L’enfant a besoin de faire des erreurs et de chercher « ses » réponses afin de sentir ce dont il est capable.

Ce troisième niveau de confiance, décrits par les psychologues, est indispensable au développement de nos capacités. Il permet de les rectifier et de découvrir nos limites.

Quand cette confiance fait défaut, l’enfant, sujet de moquerie, surprotégé ou réprimandé, aura tendance à développer, adulte, une attitude passive, peu entreprenante et hésitante face aux décisions à prendre. Il sera toujours en quête d’approbation, agira avec la peur d’être jugé, et aura également tendance à tout critiquer.

 

3.4. La confiance sociale et relationnelle : la confrontation à l’autre

 

L’enfant est également très vite confronté à l’autre : la fratrie, les cousins, les cousines, les camarades de classe, l’entourage des parents… Face à l’autre, l’enfant va chercher à se comparer, s’évaluer et va également déterminer sa place au sein d’un groupe. Ce niveau de confiance permet non seulement de développer la sociabilité ainsi que l’aisance au sein d’un groupe, mais également de forger la confiance envers autrui.

Si l’enfant est rejeté et minimisé au sein d’un groupe, ou, au contraire, « scénarisé », il conservera ce comportement une fois adulte. Il aura tendance à s’effacer, se taire, passer après les autres ou se mettre en scène. Pour se protéger ou trouver sa place, il pourra également choisir de porter un masque en société, ce qu’observe parfois le psychologue ou le psychothérapeute.

Notons que la confiance en soi, par définition subtile et fluctuante, est une notion particulièrement exploitée par la publicité et le marketing. Si elle signifie avant tout « être », elle est adroitement détournée pour se transformer en « avoir ». Vous voulez avoir confiance en vous ? Alors, achetez, utilisez, commandez, consommez ! Nous sommes abreuvés d’images qui faussent et idéalisent la confiance en soi et qui, en créant des besoins, renforcent notre certitude quant au fait d’en manquer. Une absence bien évidemment comblée par la consommation.

 

3.5. Conclusions

 

En résumé, avoir confiance en soi, c’est :

  • être bien avec soi, se connaître et s’apprécier en tant qu’individu unique,
  • avoir conscience de ses capacités, de ses aptitudes, de ses qualités et de ses défauts,
  • être à même d’agir ou de réagir spontanément avec justesse et à-propos par rapport à une situation,
  • écouter ses désirs, ses besoins, avoir des objectifs et tout mettre en œuvre pour les atteindre,
  • échanger, partager, communiquer, considérer et avoir confiance en l’autre.

 

 

4. Quand la confiance fait défaut ou le manque de confiance en soi

 

Si chacun d’entre nous peut, un jour, manquer de confiance en soi, cela se manifeste de différentes manières selon les individus et à des degrés divers. Les causes sont nombreuses et variées. Elles peuvent être structurelles, c’est-à-dire liées à la personnalité, ou conjoncturelles, c’est-à-dire dues à un événement particulier.

 

4.1. Pourquoi manquons-nous de confiance en nous?

 

Ainsi que le souligne le psychologue ou le psychothérapeute, une grande souffrance intérieure (solitude, dépression), des automatismes acquis pendant l’enfance et des expériences douloureuses (humiliation, rejet), une éducation trop sévère (culte de la réussite, punition), une faible estime de soi, mais aussi des échecs à répétition ou des coups durs peuvent inhiber ou faire perdre toute forme de confiance en soi.

Le manque de confiance en soi n’est pas un trait de caractère mais une réaction inappropriée face à une situation donnée. Il peut être bien entendu travaillé en psychothérapie par le psychologue.

 

4.2. Les sentiments qui entretiennent le manque de confiance en soi

 

Plusieurs sentiments, souvent associés à une faible estime de soi, génèrent et renforcent le manque de confiance en soi, qui, à son tour, incite à développer des comportements qui l’alimenteront encore un peu plus.

  • Le sentiment d’infériorité. Quoi que l’on fasse, on s’estime ne pas être à la hauteur. On peut se trouver médiocre, passer son temps à pointer ses défauts et à se rabaisser. On peut avoir tendance à imaginer que ses réussites sont des « accidents de parcours » et on a tendance à survaloriser les autres. Cela s’illustre par des phrases du type : « Je suis vraiment bon à rien ! Je ne lui arrive pas à la cheville… ».
  • Le découragement. Lié au sentiment d’infériorité, on pense que tout ce que l’on entreprend est forcément voué à l’échec. On doute de soi, on amplifie les difficultés et on a peur d’agir. Partant du principe que, si ça n’est pas parfait, ça ne vaut pas la peine d’être fait, on préfère se résigner de crainte de se tromper. Illustrons ceci par la fameuse phrase : « De toute façon, ça ne marchera jamais ! ».
  • La honte. Comme on pense qu’on ne sera jamais « quelqu’un de bien », les actes, les pensées, l’attitude sont forcément désespérants, idiots et répréhensibles. Du coup, on s’interdit de profiter du moment présent et on préfère culpabiliser, se réprimander et même se punir. C’est ce qui pousse bien des gens à dire : « Je n’aurais jamais dû dire un truc pareil ! ».
  • L’anxiété. Angoissé par l’imprévu, quel qu’il soit, non seulement on imagine des situations dangereuses ou désastreuses, mais on est également persuadé que l’on ne sera pas capable d’y faire face. Tendu, désorganisé, confus et fatigué d’avance, on a même tendance à renoncer pour éviter le pire. « Comment vais-je pouvoir assurer ce travail supplémentaire ? ».
  • Le rejet. L’autre, et notamment son jugement, forcément négatif et sans appel, pèse sur les épaules. Sensible et facilement blessé, on a l’impression d’être constamment critiqué, jugé et catalogué. On ne retient que les réflexions négatives, on est sur ses gardes et on a du mal à aller vers les autres. Il arrive en effet à certaines personnes de dire : « A quoi bon, pourquoi il m’écouterait ? ».
  • Le renoncement de soi. Solitaire, on ne se sent pas à sa place, les relations sociales effraient et on a tendance à vivre dans son monde. On est toujours en quête d’approbation et de reconnaissance, et on agit surtout en fonction de ce que les autres pensent ou veulent, de peur de blesser.

 

4.3. Les expressions du manque de confiance en soi

 

Pour le psychologue ou le psychothérapeute, si le manque de confiance en soi s’exprime par des manifestations physiques (tremblements, transpiration excessive, palpitations, etc.), des difficultés relationnelles (incapacité à répondre, peur de l’autre, introversion, etc.), de l’anxiété ou de l’indécision, ces comportements peuvent aussi s’installer durablement et devenir handicapants.

Ils se transforment alors en :

  • Une anxiété généralisée (où tout devient source de préoccupations et de peurs injustifiées),
  • Une phobie sociale (où l’on craint d’adopter un comportement ridicule et le regard d’autrui),
  • Une somatisation (au travers de diverses affections),
  • Une psychasthénie (c’est-à-dire une incapacité à agir),
  • Une dysthymie (un trouble chronique de l’humeur, proche de celui d’un état dépressif),
  • De la dépendance.

Il importe donc de s’investir dans une psychothérapie chez un psychologue qui peut alors palier à toutes ces difficultés (que l’on retrouve partiellement ou en totalité). C’est un travail de plusieurs séances et qui doit s’étaler dans le temps. Mais c’est surtout un travail merveilleux de se retrouver et de réobtenir cette confiance en soi. Cela donne bien du soleil en plus dans l’existence.