D’une façon générale, on peut affirmer que les troubles de l’alimentation mettent en jeu des facteurs génétiques, biologiques, psychosociaux et environnementaux. Les troubles de l’alimentation les plus courants sont l’anorexie mentale et la boulimie. On pourrait aussi évoquer le phénomène de la frénésie alimentaire. Les troubles du comportement alimentaire (TCA) touchent davantage les femmes que les hommes.

 

 

1. Les causes

 

Très souvent, les troubles de l’alimentation sont considérés comme ayant une origine psychologique. Mais le psychologue ne peut ignorer diverses causes, incluant la génétique et des modifications fonctionnelles cérébrales.

Le psychologue observe souvent chez les personnes atteintes de troubles alimentaires une préoccupation sur leur apparence physique, leur poids et leur alimentation. Ces patients ont, en général, une perception altérée de leur propre schéma corporel. Beaucoup se plaignent et craignent énormément de prendre du poids et d’être obèses. Pour le psychologue, aider son patient à s’apaiser et à retrouver une image positive de soi sera un travail assez long.

Ainsi donc, même si l’apparition des troubles du comportement alimentaire est reliée à certains facteurs culturels, ces troubles semblent provenir de causes multiples.

  • Le rôle des parents ;
  • Des facteurs génétiques et hormonaux semblent jouer un rôle important (les personnes qui présentent un trouble de l’alimentation seraient génétiquement prédisposées à cette maladie) ;
  • Les antécédents familiaux de dépression, d’alcoolisme, d’obésité ou de troubles de l’alimentation.

Précisons aussi qu’il semble y avoir un rapport entre, d’une part, les comportements liés à l’alimentation (comme les régimes alimentaires et le jeûne excessif) et, d’autre part, les systèmes neurologique et hormonal. En effet, la faim, les désirs pour certains aliments et les sensations de plénitude sont contrôlés par certaines régions du cerveau et font appel à un certain nombre d’hormones digestives.

 

 

2. L’anorexie mentale

 

L’anorexie mentale est un trouble mental bien connu des psychologues : le patient limite sa consommation alimentaire ou adopte des comportements pour prévenir le gain de poids et ce, à cause d’une peur intense de devenir grasse ou obèse. C’est donc surtout un trouble de l’image de soi.

Les personnes souffrant d’anorexie ont presque toujours un poids insuffisant ou normal au moment où le trouble se manifeste pour la première fois. Très souvent, l’anorexie se manifeste entre l’adolescence et le début de l’âge adulte ; l’âge moyen au début est de 18 ans.

Le psychologue connait bien ce phénomène : ce sont surtout les femmes qui sont davantage concernées. Selon les statistiques dont les médecins et les psychologues disposent, 9 femmes sur 1000 et 3 hommes sur 1000 auront un diagnostic d’anorexie au cours de leur vie (mais le psychologue restera attentif sur ces chiffres : tout porte à croire que l’anorexie est en nette augmentation).

Parmi les symptômes principaux, citons tout d’abord une apparence gravement émaciée au point que les côtes sont parfois visibles sous la peau en raison d’un état de malnutrition. Les autres symptômes courants de l’anorexie sont les suivants :

  • une constipation;
  • une déshydratation;
  • une dépression;
  • des étourdissements;
  • une sécheresse et un écaillement de la peau;
  • une perte de cheveux;
  • une perte de connaissance ou de la faiblesse;
  • l’incapacité de se concentrer;
  • une intolérance au froid;
  • de l’irritabilité;
  • une perte de masse grasse;
  • une pression artérielle basse;
  • des menstruations trop espacées ou absentes (on parle d’aménorrhées);
  • une crainte pathologique de l’obésité et d’un gain de poids;
  • des battements de cœur lents ou irréguliers.

Ils doivent, avant d’alerter le psychologue, être établis par un médecin, seul habilité à diagnostiquer une pathologie médicale, même si elle est psychosomatique.

Il faudra aussi s’inquiéter des conséquences sur la sexualité et la fécondité des personnes souffrant d’anorexie. Par exemple, si celle-ci apparaît avant le début de la puberté, le développement sexuel des filles sera interrompu et l’apparition de leurs premières règles sera perturbée et très souvent retardée.

Le médecin alertera souvent les personnes souffrant d’anorexie sur les conséquences physiques : une anorexie grave entraîne irrémédiablement un état de malnutrition chronique qui a des effets nocifs sur l’organisme (et plus particulièrement sur les os, la thyroïde, le cœur et les systèmes digestif et reproducteur). C’est donc un trouble qui peut être mortel ; la moitié des personnes qui meurent d’anorexie se suicident et l’autre moitié décède à la suite de complications médicales graves.

Malheureusement, les personnes souffrant d’anorexie cherchent rarement à se faire aider et ne le souhaitent pas, étant donné qu’elles ne reconnaissent pas facilement leur problème, voire ne l’admettent pas. Ce sont souvent les membres de la famille et les amis qui constatent le trouble de l’alimentation, alertent le médecin, et incitent la personne à se faire traiter par un psychologue.

Ce trouble ne disparaît pas de lui-même. Les personnes atteintes d’anorexie devront recevoir un traitement médical et compter sur une aide spécialisée par un psychologue pour se rétablir (le principal obstacle au traitement de l’anorexie est le refus du patient d’entamer un suivi chez un psychologue).

Cependant, le suivi chez un psychologue ne peut être envisager qu’avec l’objectif premier du traitement qui est de permettre à la personne de retrouver un poids normal ; un suivi médical est donc obligatoire avant toute démarche psychothérapeutique. Souvent, les personnes qui souffrent d’anorexie mentale ne considèrent pas leur comportement anormal ou dangereux. De ce fait, il est donc très difficile, pour un psychologue, de les en convaincre et de les inciter à se réalimenter normalement. Une hospitalisation est souvent nécessaire dans les cas graves, lorsque la personne présente un état d’émaciation.

Outre le suivi médical, le psychologue proposera une thérapie d’approche cognitivo-comportementale qui permettra une rééducation du patient en ce qui concerne le schéma corporel, la gestion du poids, les habitudes normales d’alimentation, la nutrition et les effets d’une carence alimentaire. Dans certains cas, une médication sera associée à ce suivi.

 

 

3. La boulimie

 

D’une façon générale, les psychologues affirment que la boulimie est un trouble de l’alimentation qui se caractérise par des épisodes répétés et incontrôlables ou compulsifs de consommation excessive de nourriture. Ces épisodes sont suivis par des gestes inappropriés pour se débarrasser des aliments consommés. Souvent, la personne atteinte de boulimie cherche à purger son estomac en déclenchant elle-même des vomissements ou en ayant recours de façon abusive à des laxatifs, à des lavements ou à des diurétiques. Il faut remarquer que certaines personnes n’ont pas recours à une purge ; elles se gavent (et consomment jusqu’à 20 000 calories en un seul repas), puis elles tentent de compenser en adoptant des comportements comme le jeûne ou l’exercice excessif. Selon les statistiques dont disposent les psychologues, les personnes atteintes de boulimie peuvent se laisser aller à des épisodes secrets d’alimentation compulsive 1 fois par semaine ou plusieurs fois par jour.

En général, la boulimie apparaît vers la fin de l’adolescence ou dès la maturité, mais peut survenir plus tôt ou plus tard. On observe aussi que, comme dans le cas de l’anorexie, l’âge médian à l’apparition de la boulimie est de 18 ans. Ce trouble touche également plus de femmes que d’hommes.

Les personnes atteintes de boulimie peuvent curieusement perdre du poids de façon épisodique, alors que d’autres maintiennent un poids normal, et peuvent même avoir un surplus important de poids. Dans la population féminine de personnes affectées pour la boulimie, le cycle menstruel peut être perturbé, voire interrompu, mais les menstruations continuent généralement. Evoquons aussi quelques symptômes possibles :

  • de la déshydratation (due à un emploi abusif de laxatifs ou à de fréquents vomissements volontaires);
  • des caries et une érosion dentaire (due aux acides contenus dans les vomissements volontaires);
  • une pression artérielle basse;
  • une constipation;
  • une enflure des glandes salivaires dans les joues (évoquant les oreillons);
  • des taux d’hormones anormaux;
  • des problèmes liés à l’estomac et à l’œsophage;
  • un rythme cardiaque irrégulier;

Le médecin restera attentif qu’au fait que les vomissements constants peuvent entraîner des complications diverses, notamment une inflammation de l’œsophage (appelée œsophagite) et des problèmes dentaires graves. Ces purges constantes peuvent également entraîner des lésions cardiaques. Le psychologue restera attentif qu’au fait qu’une personne qui souffre de boulimie peut également avoir des antécédents d’anorexie ou d’obésité. Elle peuvent aussi souffrir de troubles psychologiques, tels que la dépression, le trouble de l’anxiété, les phobies sociales et les troubles reliés à la panique, ou encore d’accoutumances comme l’alcoolisme ou la toxicomanie.

 

 

4. La frénésie alimentaire

 

Pour le psychologue, la frénésie alimentaire peut se caractériser par les mêmes envies incontrôlables de manger excessivement que la boulimie, mais sans les comportements pour se purger après un épisode de frénésie. C’est un trouble qui est distinct de l’embonpoint ou de l’obésité. Jadis, les psychologues classaient tous les troubles de l’alimentation qui ne répondaient pas aux critères de l’anorexie ou de la boulimie dans la catégorie « troubles de l’alimentation non spécifiés ailleurs ». Depuis 2013, la frénésie alimentaire a été reconnue par la communauté des psychologues comme un trouble distinct.

Voici certains symptômes de la frénésie alimentaire :

  • consommer une plus grande quantité de nourriture en une période donnée que la plupart des gens en pareilles circonstances;
  • sentir un manque de maîtrise sur la consommation excessive de nourriture durant un épisode;
  • manger jusqu’à se sentir l’estomac lourd ou plus rapidement que la normale;
  • manger de grandes quantités de nourriture même en l’absence de faim;
  • manger seul ou en secret à cause de la gêne provoquée par la quantité de nourriture consommée;
  • avoir des sentiments de dépression, de culpabilité ou de dégoût de soi après un épisode.

 

 

5. Le diagnostic des troubles alimentaires

 

Souvent, les signes et symptômes révélés par un examen physique, ainsi que des antécédents médicaux ou personnels détaillés, suffisent généralement au médecin pour diagnostiquer les troubles de l’alimentation. Les analyses sanguines révèlent des anomalies dans les taux d’hormones qui aident à exclure les autres troubles responsables de symptômes semblables. Mais il n’existe aucun test diagnostique précis; le diagnostic d’un trouble de l’alimentation est donc établi à la suite d’une évaluation clinique.

 

 

6. Traitement et Prévention

 

Heureusement, les personnes boulimiques doivent rarement être hospitalisées. En général, un suivi chez un psychologue s’impose. Un médecin pourra recourir aussi à des antidépresseurs dans l’espoir de réduire les fringales et les phases d’hyperphagie incontrôlée.

La psychothérapie est utilisée pour sensibiliser et éduquer à propos de leurs comportements de leurs habitudes alimentaires et pour d’éliminer les fausses perceptions concernant le schéma corporel et le poids.

Le psychologue aidera le patient boulimique à dix principes de base :

  • Retrouver de la confiance en soi
  • Eviter le perfectionnisme
  • Arriver à lâcher prise
  • Travailler sur l’image de soi
  • Travailler l’image de la femme (ou de l’homme) que l’on est
  • Analyser la culpabilité et la honte sous-jacentes
  • Rester positif
  • Suivre les conseils nutritionnels de base (comme, par exemple, respecter les 3 repas fondamentaux de la journée)
  • Sortir de l’isolement et de la désinsertion
  • Redynamiser sa sexualité

Concernant la frénésie alimentaire, on peut observer que beaucoup de personnes qui en sont affectées évitent d’obtenir un traitement parce que leur état les met mal à l’aise ; d’autres ne perçoivent pas la frénésie alimentaire comme un vrai trouble de santé et ne cherchent donc pas à obtenir des soins. En général, le traitement consiste en une psychothérapie qui aide la personne à reconnaître les facteurs déclenchants de sa frénésie et à adopter des stratégies d’adaptation pour éviter de céder à sa forte envie de manger. Le psychologue aidera à les déterminer et à les évaluer.

Le traitement d’une anorexie est, par contre, beaucoup plus long et nécessite un encadrement médical, nutritionnel et psychologique important. Le psychologue veillera aussi à un travail important de l’image de soi (qui est souvent sous-jacent à l’anorexie). Dans certains cas, une hospitalisation sera indiquée par le médecin, selon la gravité du trouble.